Résumé de la conférence « 1010 Campagne mondiale de lutte contre le changement climatique »

La conférence « 10:10 Campagne mondiale de lutte contre le changement climatique » s’est tenue le 8 octobre de 8h à 10h30 dans le Grand Auditorium du MEDEF à Paris. Cette table ronde était organisée par GoodPlanet, en partenariat avec Premier Cercle et avec le soutien de Transdev. L’événement était animé par Jean-Louis Caffier, journaliste de LCI, spécialisé en développement durable. Neuf intervenants issus de grandes entreprises signataires de « 10:10 » ont présenté des études de cas concrètes et pragmatiques et ont posé les bases d’un débat pertinent et enrichissant. 174 personnes issues de 112 entreprises ou associations sont venues assister à cette première rencontre professionnelle de la campagne « 10:10 ».

Introduction : Le développement durable, de l’engagement stratégique à l’atout concurrentiel national

Alain Capmas, président du Comité changement climatique au MEDEF, a ouvert la conférence en insistant sur les efforts qui ont déjà été produits en France en matière de développement durable. Il a ainsi évoqué le principe de bonus/malus qui a été mis en place dans l’automobile et l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments. M.Capmas a également mis en avant le model économique français qui permet aux entreprises d’instaurer des politiques environnementales performantes.

Étude de cas n. 1 : Transformer l’organisation de l’intérieur

Tania Letsis - Cortal Consors : Mobilisation des collaborateurs en interne

Cortal Consors, filiale de BNP Paribas, est une société d’épargne et de courtage en ligne pour les particuliers. Tania Letsis, Responsable et porte-parole du développement durable, a mis l’accent sur la sensibilisation des collaborateurs de Cortal Consors. D’abord, dans le domaine des transports, cette sensibilisation a pris la forme d’une mise à disposition de vélos électriques, d’une mise en ligne d’un site de covoiturage sur l’intranet et d’organisations de visioconférences. Un guide d’éco-gestes a été distribué aux employés afin de réduire la consommation énergétique au quotidien et d’économiser les ressources naturelles (eau, papier…). Des actions de sensibilisation au recyclage ont également été mises en œuvre avec un dispositif de récupération des anciens téléphones portables et l’organisation d’une visite au centre de tri de Nanterre. Tania Letsis a ensuite évoqué le succès de cette politique de sensibilisation en précisant qu’il s’agissait de la 7^ème opération depuis 2006. Elle a donné l’exemple des vélos électriques qui ont été essayés par 200 des 500 collaborateurs.

Christophe Barrière – Capgemini : Charte de l’éco-consultant

Capgemini est une société française de conseil, de services informatiques et d’infogérance. Christophe Barrière, Vice-Président du Pôle Energie Utilities chez Capgemini Consulting France a d’abord présenté la Charte de l’éco-consultant qui vise à responsabiliser les collaborateurs vis-à-vis de l’environnement. Cette charte prend en compte de nombreux domaines : consommation d’énergie et de ressources (impressions, veille des ordinateurs…), déplacements professionnels (télé-conférence, utilisation du train plutôt que l’avion…), gestion des déchets (réduction à la source et recyclage). Christophe Barrière a ensuite présenté le Campus Capgemini Les Fontaines qui sert de centre de formation à la société. Ce centre a instauré de nombreuses mesures concrètes afin de réduire son impact environnemental : ampoules basse consommation, achat d’électricité verte, économiseurs d’eau, tri des déchets, produits bio, produits en vrac, sensibilisation des clients… Le centre des Fontaines a d’ailleurs obtenu un éco-label européen de l’hôtellerie qui vient récompenser sa démarche éco-responsable exemplaire.

Philippe Forestier - Dassault Systèmes : logiciels de gestion de cycle de vie des produits et data centers

Dassault Systèmes est le leader mondial des logiciels de gestion du cycle de vie des produits. Les applications développées permettent aux entreprises de pouvoir concevoir et simuler numériquement les produits, ainsi que les processus et les ressources nécessaires à leur fabrication, à leur maintenance et à leur recyclage, sachant qu’environ 80 % des impacts environnementaux d’un produit peuvent être anticipés dès la phase de conception. Philippe Forestier, Directeur Général Adjoint et Membre du Comité Exécutif, était également venu parler de la stratégie de DS pour minimiser son propre impact environnemental : mesurer, optimiser et transformer. Le siège social de DS (« DS campus ») est un site répondant à la norme HQE : récupération de la chaleur dégagée par le matériel informatique, détecteurs de présence pour l’éclairage… Philippe Forestier a également insisté sur deux exemples précis. Le premier est l’utilisation des logiciels de simulation de DS chez EADS qui permet d’alléger le poids des avions et ainsi de réduire leur consommation. Le deuxième exemple est la mise en place d’un data center dont le plan d’installation et les techniques de refroidissement permettent une nette réduction de l’énergie consommée.

Miguel Castellanos – L’Oréal : deux usines pilotes dans les énergies renouvelables

L’Oréal, premier groupe de cosmétique mondial, s’est fixé des objectifs environnementaux audacieux entre 2005 et 2015 : réduire de 50% ses émissions de gaz à effet de serre, ses déchets ainsi que sa consommation d’eau. Miguel Castellanos, Directeur mondial Sécurité, Hygiène et Environnement, est venu présenté deux des sites industriels de l’entreprise. Sur son site de Libramont, en Belgique, L’Oréal a installé une centrale à biomasse fonctionnant par bio méthanisation des déchets agricoles des fermes d'élevage avoisinantes. Cette centrale, qui réalise de la co-génération de chaleur et d’électricité dont une partie est revendue, a permis de réaliser une économie de 8500 tonnes de CO₂ par an. Sur l’autre site, situé à Burgos, en Espagne, l’entreprise a successivement implanté une centrale de panneaux solaires thermiques pour l’eau chaude sanitaire, puis des panneaux photovoltaïques qui ont engendré une économie de 140 tonnes de CO₂ par an. Une centrale de trigénération (électricité, chaleur et froid) est également prévue sur ce site et devrait permettre de réduire les émissions de 3800 tonnes par an.

Guillaume Clément – Arjowiggins : optimisation de la consommation d’énergie dans une usine au Danemark

Arjowiggins est une filiale de Sequana qui produit des solutions papiers à forte valeur ajoutée. Guillaume Clément, Directeur Commercial et Marketing d’Europe du Sud, est venu présenter l’usine de Dalum au Danemark qui produit la gamme de papier Cyclus, selon un concept de recyclage à 100 %, et qui est particulièrement remarquable sur le plan énergétique. En effet, la centrale de co-génération (chaleur et électricité) de l’usine a été transformée pour passer du gaz à la biomasse (copeaux de bois), ce qui a permis une économie de 60000 tonnes de CO₂ par an. De plus, l’usine dispose d’un dispositif de récupération de chaleur sur le procédé de séchage de la pâte à papier. La chaleur est utilisée pour alimenter le réseau de chauffage urbain et aide ainsi à chauffer 7000 foyers locaux ce qui représente une réduction de 9000 tonnes de CO₂ pour la ville. Arjowiggins essaie d’autre part de réduire les émissions dues aux transports en ayant des boucles (recyclage) les plus courtes possibles et en favorisant les transports maritimes et ferroviaires. Guillaume Clément a par ailleurs admis que le marché des quotas carbone avait été un bon stimulus pour améliorer l’efficacité énergétique et mettre en place de nouvelles technologies dans l’industrie papetière.

Étude de cas n. 2 : Mettre en place une mobilité durable

Frédéric Deret – Deret : réseau de livraison urbaine en camions électriques

Le groupe Deret est spécialisé dans les secteurs d’activité associés au transport routier et aux métiers de la logistique. Frédéric Deret, Président Directeur Général de Deret Transporteur, est venu parler de l’initiative de son groupe qui a mis en place le premier réseau français de livraison urbaine en camion électrique. Ce réseau est installé dans 22 villes françaises et se compose de 50 poids lourds électriques. Frédéric Deret a reconnu les difficultés pour une entreprise de mettre en place ce genre de flotte à cause de l’investissement de départ qui est lourd et du retour sur investissement qui est un peu plus long. Le principal client de ce réseau est Séphora qui est un client historique de Deret et qui a été intéressé par le concept de livraison en camion électrique. Aujourd’hui, 60 % du volume de marchandises de Séphora transporté par Deret est distribué en camion électrique. Pour cela, Deret Transporteur a totalement repensé le processus de diffusion. Le plan de transport est passé d’un système avec 6 points d’éclatement interrégionaux à un plan d’acheminement depuis un site unique basé à Orléans vers les 23 agences de livraisons urbaines. Les résultats sont significatifs puisque le nombre de km parcourus a diminué de 14 % et les émissions de CO₂ ont été réduites de 980 tonnes en ce qui concerne le transport Séphora. De plus, Deret Transporteur a signé, avec le Préfet de la région Centre et l’Ademe, une charte d’engagement volontaire dont l’ambition est une réduction de plus de 20 % des émissions de CO₂ sur 3 ans.

Bernard Ungar – Transdev : mobilité durable dans les transports publics

Transdev, qui est une filiale de la Caisse des Dépôts, est un opérateur privé de transport public présent dans 9 pays. Le groupe possède plus de 20000 véhicules et transporte 2 milliards de passagers par an. Bernard Ungar qui est Directeur Administratif et Financier en charge du développement durable, a réaffirmé la volonté du groupe d’être impliqué dans une démarche de développement durable en sa qualité d’opérateur de transport public. Il a ainsi évoqué le développement par le groupe de modes de déplacement doux (peu émetteurs de CO₂) : services vélos, auto-partage, covoiturage, navettes électriques... D’autre part, les collaborateurs sont formés à l’éco conduite sur des journées complètes. Cette formation a lieu sur des véhicules équipés dans lesquels chacun des paramètres de conduite est analysé. Une réduction de 15 à 20 % de la consommation peut être constatée suite à cette formation. Bernard Ungar a également affiché la volonté du groupe d’aménager progressivement ses locaux selon la norme HQE. Le Centre Technique HQE de Bailly-Romainvilliers en est le premier exemple : bâtiments en bois, isolation renforcée, éclairage naturel, pompes à chaleur, panneaux solaires… Enfin, Transdev développe son parc de véhicules hybrides et électriques en ajoutant des véhicules tels que des « Diablines », véhicules électriques pour de courtes distances ayant une capacité de 6 passagers.

Marie-Annick Darmaillac – Bolloré : Blue Car et projet d’Autolib’

Le groupe Bolloré, qui figure parmi les 500 plus grandes entreprises mondiales, occupe des positions importantes dans les domaines de la logistique internationale, des transports, de la distribution d’énergie, des films plastiques, des batteries, des véhicules électriques, de la communication et des médias. Marie-Annick Darmaillac, Secrétaire Générale Adjointe, est venue présenter la démarche de mobilité durable qui est aujourd’hui un axe stratégique de travail pour le groupe Bolloré. Elle a ainsi insisté sur la Blue Car qui est une voiture électrique que le groupe a développé grâce à une synergie de ses différentes filiales. Les équipes de Bolloré travaillent en effet depuis une vingtaine d’années au développement d'une voiture électrique et la Blue Car a été présentée pour la première fois en 2006. Cette voiture dispose de batteries innovantes LMP (Lithium-métal-polymère) que le groupe a développé en interne. Les batteries LMP sont des batteries sèches qui ont la propriété d’apporter plus de sécurité et qui ont une autonomie de 200 km. La durée de vie de ces batteries est estimée à 200000 km et elles peuvent être utilisées en batteries fixes à la fin de leur vie. Les équipes d’ingénieurs de Bolloré travaillent aujourd’hui sur le recyclage de ces batteries. Par ailleurs, le groupe est candidat au projet d’Autolib’, futur service de location de véhicules électriques à Paris. Autolib’ vise à réduire le nombre de véhicules individuels en circulation et ainsi les émissions de CO₂. Ce projet est pour Bolloré une bonne illustration des synergies que le groupe peut créer entre ses filiales et une application de ses véhicules et batteries électriques.

Albert Asseraf – JCDecaux : Velib’ et éco conduite

JCDecaux se positionne dans les leaders mondiaux de la communication extérieure et du vélo en libre-service. Albert Asseraf, Directeur Général Stratégie, Etudes et Marketing, a insisté sur l’exemple du vélo en libre-service dans la politique développement durable de JCDecaux. L’intérêt de Vélib’ dans une ville comme Paris semble évident : un foyer sur deux n’a pas de voiture et un trajet sur deux fait moins de 2 km. Vélib’ représente aujourd’hui 100000 locations de vélos par jour. Les vélos Vélib’ créent également de la mobilité : 19 % des trajets effectués par les vélos n’auraient pas eu lieu sans Vélib’. L’ensemble des vélos en libre-service de JCDecaux évite des émissions de CO₂ estimées à près de 30000 tonnes par an. JCDecaux cherche également à optimiser ses déplacements en interne en mettant en place des organisations logistiques éco-conçues. Albert Asseraf a ainsi cité l’exemple d’une péniche circulant sur la Seine pour ramasser les Vélib’ et les réparer. Les émissions de CO₂ ont aussi été réduites grâce à des formations d’éco-conduite qui ont été suivies par 1800 collaborateurs et grâce à la traçabilité des déplacements. En France, le groupe a de cette façon économisé 10 % sur le carburant. JCDecaux soutient les politiques développement durable des villes, des entreprises de transport et des autres partenaires avec lesquels il travaille. Pour cela, le groupe essaie d’analyser et d’anticiper les spécificités et les contraintes de la mobilité de demain.

Clôture : Opportunités pour les entreprises face au changement climatique grâce à la campagne « 10:10 »

Yann Arthus-Bertrand, Président de la fondation GoodPlanet, est ensuite intervenu pour clôturer cette conférence très instructive. Il a commencé par présenter la campagne « 10:10 » et a insisté sur le fait que cette campagne concernait tout le monde : particuliers, entreprises, collectivités, écoles, associations… En effet, chacun à son niveau, les particuliers comme les entreprises ont un impact sur l’environnement et sur le changement climatique. Yann Arthus-Bertrand a ensuite évoqué le fait qu’un changement de notre mode de vie était nécessaire et que la campagne « 10:10 » était une façon d’améliorer nos comportements de manière volontaire et optimiste. Le fondateur de GoodPlanet a ensuite remercié chacun des intervenants de la conférence, tous les participants ainsi que les différentes personnes ayant contribué à l’organisation de cet événement.
Yann Arthus-Bertrand a terminé cette table ronde par cette phrase pleine d’optimiste et d’enthousiasme : « C’est ensemble que l’on va trouver la solution pour changer les choses… ».

Bilan Carbone^® de cette rencontre

Aussitôt la conférence passée, nos consultants Bilan Carbone^® ont mené l’enquête et réalisé les calculs nécessaires à l’évaluation de l’impact de cet événement, en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Un questionnaire rempli sur place par les hôtesses d’accueil a permis de connaître avec précision les distances parcourues et les modes de transports utilisés par les participants et organisateurs. Les autres postes d’impact ont eux aussi été pris en compte, conformément à la méthode Bilan Carbone^® de l’ADEME ; ainsi le total des émissions a été évalué à 5,96 tonnes équivalent carbone (avec une incertitude de 24 %), équivalent à six aller-retour Paris New-York en avion, ou à la production de 5,5 tonnes de papier par exemple. Toutefois ce résultat est très majorant, puisque près de 85 % des émissions sont associées à un aller-retour en avion de La Réunion, et l’impact de ce trajet en avion n’est très probablement pas totalement imputable à la conférence 10:10.
Mis à part ce cas particulier, le reste des émissions de GES est relativement faible (987 kg équ. CO₂), soit 5,5 kg équ. CO₂ par personne, ou l’équivalent de moins de 20 km parcourus en voiture en ville par exemple, notamment grâce au fait que plus de 75 % des distances parcourues par les personnes présentes (participants et organisateurs) ont été effectuées en métro, RER, bus, train, vélo ou marche. Ainsi, en prenant comme total ces 987 kg équ. CO₂, le poste des déplacements engendre 656 kg équ. CO₂, soit 65 % du total ; les autres postes sont très peu significatifs, avec 268 kg équ. CO₂ et 27% du total pour les intrants (restauration et supports de communication), 35 kg équ. CO₂ et 3,5 % du total pour le fret (ce qui a été transporté pour l’organisation), 1,6 kg équ. CO₂ et 0,16 % du total pour l’électricité (éclairage et son) et moins de 0,5 kg équ. CO₂ et 0,05 % du total pour les déchets.